Perversité de l’amour ou érotisme subtil ? Valérie Rivière a l’habitude de traiter les choses de façon radicale. Dans ces quarante paysages, c’est la musique en direct qui donne l’intention. Cinq danseurs, deux pianistes, deux chanteuses et un film rassemblent des icônes vivantes.
Une pièce complexe par ses agencements autour de la musique, un film projeté et des interprètes qui trouvent leur place entre la danse et les images. Comme des étiquettes iconographiques qui transfèrent le réel dans le fantasme. La musique de Yvan Blanloeil et Serge Korjanevski est le fil continu sur lequel des icônes vivantes viennent en contrepoint du propos musical et de l’image projetée. Ou alors, à l’inverse, ce sont les corps vivants qui suggèrent d’aller plus loin dans la neutralité qu’autorise l’image-vidéo dans une sorte de voyeurisme décalé ; les cinq danseurs suggérant les situations incongrues de l’amour et de ses travers comme un cliché photographique éphémère.
C’est grâce à cette double image que Valérie Rivière construit une pièce finalement très élaborée, serrée entre le chant qui plane imperturbablement au-dessus d’évocations de l’amour pour donner une dimension satirique, sacrée ou inespérée aux situations amoureuses et de ses déviances.
L’imagerie populaire a toujours eu pour fonction d’exorciser le « principe erroné selon lequel l’homme est un animal et que l’animal aime l’homme ». Comme les petites filles effrontées, Valérie Rivière a toujours eu l’impertinence de nous conduire entre l’humain et l’animalité, dans des univers hors du commun, sans complexe. Et c’est très bien ainsi.
Michel Vincenot
3 mars 2000
Distribution
Chorégraphie Valérie Rivière, cie Paul-les-Oiseaux
Danseurs :
Marie Cool
Rodolphe Fouillot
Vanessa Leprince
Damiano Molinaro
Émilie Praud
Pianistes Carol Escoffier, Stéphane Leach
Soprani Myriam Guez, Sandra Tarrade
Musique Yvan Blanloeil, Serge Korjanevski
Film Eric Legay
Costumes Annie Paris
Création masques Daniel Cendron
Décors plateau Philippe Casaban, Eric Charbeau
Décors film Jean-François Buisson
Création lumières Eric Loustau-Carrère
Commande de la 10e Biennale de danse du Val de Marne