Aux étudiants de l’Université de Pau et des Pays de l’Adour
suite à une intervention du Théâtre Saragosse à la Faculté des Lettres

 

Contrairement à l’écrit qui se déroule de façon linéaire selon une syntaxe : sujet, verbe, complément…, la danse s’écrit dans l’espace et le temps et s’organise selon des directions, à partir du poids et du mouvement.

Ce qui oblige le regard «du lecteur» à se promener dans tous les sens (devant, derrière, en haut, en bas). L’écriture de la danse nécessite une appréhension simultanée du regard comme si tous les personnages d’un roman parlaient en même temps et que nous soyons en mesure de les écouter ensemble sans en être troublés.

La danse a aussi son écriture des mots, ce sont les gestes et les déplacements dans l’espace issus du mouvement. Mais ces mots, ces gestes dépendent toujours du vocabulaire des autres partenaires avec lesquels on partage le même espace-temps. Ils sont donc animés d’une intention, d’une destination adressée à l’autre partenaire.

Enfin, comme dans l’écrit, la syntaxe de la danse a la fonction de rendre cohérent le langage par l’organisation des phrases entre elles. Cette cohérence-là permet l’accès au sens et à la lisibilité de l’écriture, qu’elle soit chorégraphique ou littéraire. Dans les deux cas, le corps est le lieu des événements.

 

Michel Vincenot
4 mars 1998

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