À la Commanderie, Festival Plurielles 1995

 

« Dans ce lieu où se produisent sans cesse des événements, la danse ne peut pas être englobante … Seul le geste fragmentaire peut convoquer toute la mémoire. »

Ces premiers mots prononcés par Daniel Dobbels lors du repérage effectué en février dernier disent tout de la Commanderie, mais disent aussi l’essentiel de la danse. Quand la pierre et l’Histoire témoignent des balbutiements de ces corps en pèlerinage qui jadis associèrent en ce lieu le gîte et la source spirituelle, le repos et la mort ; les uns intimement mêlés aux autres. Quand le geste entre en alchimie avec la pierre, c’est le verre et l’eau qui révèlent la transparence de ces corps.

C’est sans doute une des plus belles approches de la danse que l’on puisse évoquer ici. Pour nos contemporains qui portent en eux le désir caché de retrouver l’harmonie du corps et de l’esprit. Pour le danseur et le sculpteur qui se surprennent, secrètement liés l’un à l’autre, au-delà des représentations traditionnelles du corps, le verre est le médiateur d’une danse de la lumière. Car c’est toujours le regard de l’autre qui induit la direction des gestes. Les danseurs ne sont que nos interprètes, et c’est un fantastique échange. « Il faut un corps parce qu’il y a trop  d’obscurité … Il faut un corps pour obscurcir la trop grande clarté.», dit Daniel Dobbels.

En ce lieu, les actes chorégraphiques sont un parcours. Du silence à la lumière, en passant par une danse sonore dont on n’entend que les bruits. Pour vivre quelques instants de grâce dans l’intimité de la pierre et du verre dont seuls les corps peuvent nous suggérer le mystère.

 

Michel Vincenot
29 Mars 1995

Distribution

 

Chorégraphie Daniel Dobbels

Sculpteur Emmanuel Saulnier

Danseurs

Sylvie Berthomé,

Brigitte Asselineau,

Christine Gérard,

Yarma

 

À la Commanderie les 1 et 2 avril 1995

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