Elle répète ses solos dans son garage de banlieue parisienne et ne rechigne pas à montrer, à qui veut bien la voir, la danse qu’elle y peaufine. Elle est simple, elle est belle, elle est émouvante, Pascale Houbin. Elle a appris de la langue des signes l’exigence du langage ; les doigts qui impriment au corps ce que la danse sait dire.

Elle raconte – le sourire au coin des yeux – que ses mains aiment extraire la chair des mots, tout comme le font les sourds qui se parlent. Elle sait aussi que le monde du silence peut réécrire le langage du corps.  Alors son regard devient lumineux. Pascale Houbin porte sur nous une jolie tendresse, quand, à la fin d’une chanson de Léo Ferré, elle se love sur elle-même. Ses mains ont le pouvoir magique de ramasser tout son corps à la fois, un corps dépouillé, fragile de l’attente qui nous met en éveil.

Si l’on doute encore que la danse contemporaine puisse nous mener jusqu’ à l’expression aussi pure, alors il faut venir voir Pascale Houbin. Germen comme les chemins de l’amour, Soma comme les intempéries de la vie, elle brode du bout de ses doigts le silence des voix qui se sont tues.

Douze solos s’enchaînent et laissent au terme du trajet le souvenir d’un plaisir raffiné.

 

Michel Vincenot
Février 1997

Distribution

 

Chorégraphie et interprétation Pascale Houbin

Share This