Quelques derniers soubresauts, derniers tressaillements, et puis plus rien, le noir, le néant, l’inconnu. Un passeur coincé dans ce monde malgré lui… Une traversée du Styx. Et une belle histoire fine et sensible.

Quel âge ont-ils exactement ? Disons à peine un peu plus de vingt ans. Et pourtant, chose étrange, ils écrivent leur pièce comme des grands. Une construction impeccable, un propos bien mené, une harmonie fluide entre l’image (vidéo) et la danse. Pierre-Johann Suc et Magali Pobel construisent leur dernière création sur le mythe d’Orphée et Eurydice qu’ils croisent à celui du Styx, le passage de cette vie à une autre rive, les enfers ; jouant en permanence sur l’absence de l’être désiré autant qu’inaccessible.

Une histoire d’amour, bien sûr, pour laquelle ils demandent la collaboration des plus anciens (Jacques Patarozzi, Michel Philippon, Marie Otal). Mais plus encore, une histoire d’amour émaillée d’un romantisme frais et d’une délicate vulnérabilité. Le tout, sur fond de sagesse digne des plus vieux philosophes. Chaque fois que l’amour nous laisse dans une profonde solitude, les sentiments humains deviennent universels. «J’aurais voulu lui dire, lui dire…(silence)… mais il était trop tôt pour écrire.»

L’art du rebondissement dans lequel ils excellent fait qu’une intrigue se noue sur des situations prégnantes, entre les oscillations du mouvement, comme une ivresse intemporelle, et les effondrements de la tête que le partenaire tente de retenir en un baiser furtif. Partenaire imaginaire ou amant perdu à jamais ? On ramasse sur le sol les plumes, comme on rassemble les souvenirs pour n’en perdre aucun. Il y a quelque chose de l’ordre de la solitude traitée comme un passage initiatique. Serions-nous tous atteints de l’incapacité à vivre pleinement l’amour ?

Et Dieu regarde les hommes du haut de son trône et commence à s’impatienter…

 

Michel Vincenot
mars 2003

Distribution

 

Chorégraphie

Pierre-Johann Suc

Magali Pobel

 

Danseurs :

Pierre-Johann Suc

Magali Pobel

Jacques Patarozzi

Michel Philippon

Marie Otal

 

Lumières Harrys Picot

 

Son Julien Breugnot

 

Décor Jean-Philippe Lagouarde

 

Images Laurent Chalet

 

Montage vidéo Carole Mijeon

 

Création le 2 avril 2003,

Théâtre Saragosse, Pau

 

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