• 10′
duo interprété par Brigitte Asselineau et Raphaël Cottin

Dans la tension et la retenue, le petit geste ouvre à l’infime de l’espace et en suggère paradoxalement l’immensité.
Le frémissement, presque invisible, rallie le geste à l’instant et le temps au corps.
C’est le mystère de la danse.
Jusqu’où le geste peut-il aller pour transgresser l’espace qui lui est dévolu et prendre tout à la fois la mesure du temps, inaccessible, comme s’il s’agissait de palper l’invisible dans «une écharde ou un coup de foudre»  ?
L’écho de la bouche grandit dans les mains, les bras, et le corps recueille le poids venu d’en haut. Il y est aspiré et révèle sa capacité incroyable à conjuguer l’espace et le temps dans l’écriture quasiment tactile du geste.

• Ni/Et
trio interprété par Brigitte Asselineau, Aurélie Barthaux et Rachel Bénitah

Il s’agirait donc d’écouter le souffle recueilli dans l’humilité et l’offrande, l’éphémère et la disparition, comme dans «L’annonciation» de Botticelli.
Les lâchés se font dans l’élévation des bras et les yeux déposent le geste au sol. Il est donc possible d’envisager que la danse conjugue des paradoxes : l’étirement et l’effondrement, le poids et la légèreté, l’abandon des sens (la vision et l’ouïe) et la perception fine d’un espace en suspension qui aspire l’épaule par le toucher et capte l’invisible dans le balancement du bassin.

La forme s’invente donc dans l’esprit, les petits gestes lâchés consentent à la perte pendant que deux doigts dirigés vers le haut libèrent la fulgurance d’un espace inouï.
Du déroulé à la séparation, la danse est le mouvement par excellence qui déplace les visages vers d’autres sens. Accueil, retrait, distanciation, la chair devient une évidence et le corps ouvre le réceptacle de l’infime dans le creux de la main.

«Ni/Et» est une oscillation du temps que l’on peut entendre les yeux fermés.
C’est une méditation sur l’être.

 

Michel Vincenot
7 avril 2005

Distribution

 

Chorégraphie Daniel Dobbels

 

Danseurs :

 

Brigitte Asselineau

Raphaël Cottin

Aurélie Barthaux

Rachel Bénitah

 

12e festival Plurielles

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