La danse devient clarté parce que les corps sont soumis aux contraintes de l’espace et aux limites du temps.
Laurent Lafolie est de ces hommes qui s’imprègnent avec tendresse du mouvement des autres. Des heures et des heures à regarder en toute simplicité des danseurs qui apprennent et qui refont sans cesse les mêmes gestes et les mêmes déplacements sur des plateaux silencieux. Devant des fauteuils vides.

Laurent Lafolie est de ces hommes qui ne se précipitent pas sur l’objectif pour assouvir un voyeurisme futile. C’est au moment le plus juste qu’il saisit une photo, puis renoue le contact avec les danseurs, par un regard attentif et généreux.
La photographie est d’abord une rencontre avec des hommes et des femmes qui, le temps d’un spectacle, consentent à mettre à nu leur corps pour retisser des liens d’humanité, oubliés ou tout simplement disparus.

Le photographe n’est qu’un passeur entre ceux qui acceptent de se livrer et ceux qui ont quitté leur maison pour les regarder danser. Le photographe est ce lien mystérieux entre des corps qui dansent et des corps à l’écoute, lorsque la parole a été enfouie ou définitivement perdue.

Cette exposition nous dit tout cela, et même plus, lorsqu’elle reconstitue le puzzle du verre dans tous ses éclats, ceux qui redonnent aux corps l’instant du regard, saisi dans les moments de danse, toutes les danses, celles qui font la différence en restituant aux corps la transparence oubliée.

 

Michel Vincenot
11 Mars 1995

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