«Soy», en langage dogon, signifie «étoffe», «tisser» et «parole»… Tout un programme brillamment articulé entre les différentes cultures et sensibilités artistiques qui empruntent au passage les nouvelles technologies, «pour être au bon endroit des intersections», disent-ils.

Entre le duo puissant d’un homme et d’une femme au début, et le solo subtil d’une fille – dansé comme un cri – à la fin du spectacle, Kubilaï nous entraîne dans le rythme impressionnant des prouesses techniques et des moments poétiques. Les séquences s’enchaînent les unes sur les autres sans qu’on ait à se soucier du style de l’écriture. Un langage direct qui va droit aux cœur parce qu’il parle sans détour. Un mélange ininterrompu de cultures largement ouvertes qui apportent enfin des moments de fraîcheur.

La danse, montée comme les séquences d’un film, passe d’un univers à l’autre comme si le monde nous était offert en un seul regard. Le monde rassemblé sur un même plateau ; les idées, les énergies et la poésie partagées entre les arts du cirque, la danse, la musique et le chant. Entre un François Verret et un Georges Appaix, le collectif «Kubilaï Khan Investigations» donne l’image très exacte de mondes mêlés dans des relations naturelles que la danse a su de tous temps préserver. «Danser c’est vouloir que le temps et l’espace soient une invention». Ce faisant, ils donnent le juste sens d’une altérité assumée et touchent pile aux points sensibles de nos incohérences et de nos doutes. Là où les corps se rencontrent en ses divers langages, sans concession ni romantisme. De l’énergie à la poésie, il y a sans doute à imaginer la voie de la recherche artistique du siècle à venir.

 

Michel Vincenot
Janvier 2000

Distribution

 

Chorégraphie Kubilaï Khan Investigations

 

Danseurs :

Takumi Fukushima

Chiraru Mamya

Cynthia Phung-Ngoc

Dimitri Jourde

Laurent Letourneur

Franck Micheletti

Rui Owada

Vladimir Vaclaveck

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