Huit danseurs et un moment d’exception où la danse convoque les corps. Exigence d’une traversée dans l’en-deçà du geste, avant qu’il ne trouve le juste mouvement. Ce qui résiste au corps doit être investi avec précision, dans la vacuité et les mouvances du temps.

 

Mouvances du temps. «Algo Sera» se décline sous les formes et les perceptions de chacun des danseurs au regard d’images venues d’ailleurs, en intégrant l’antériorité. Comme une confrontation du présent et du passé. Mais, dans la vacuité des instants, c’est toujours le même corps qui fait le lien, sans qu’il cherche pour autant à se précipiter sur les autres pour faire dans «le joli» ou dans «le scénario attendu». La danse est ici une esquisse en gestation, jusqu’à ce que l’instant le plus clair s’impose comme une évidence du corps à explorer toujours plus loin. Les sons bruts, les matières indisciplinées, les images d’un temps précédent et les objets étrangers participent à ces investigations. Le corps se retrouve alors dépourvu des savoir-faire que l’on répète indéfiniment par peur de se perdre. La danse se réinvente sans cesse en décalage avec son propre environnement. Qu’une musique populaire et festive parvienne à figer le corps dans un état méditatif, ou que l’image elle-même mette en évidence le corps en morceaux, voici que la danse se conjugue entre irréel et charnel.

Entre ces deux états, il y a d’abord le temps singulier de chacun, puis le temps de l’espace qui raccorde le vivant à tous les objets intrus qui s’imposent à lui. Pas de contacts préfabriqués entre les danseurs, mais un itinéraire qui, à chaque instant, dépouille le corps de ses fioritures inutiles. Et dans ces états-là, la danse devient subtile à force d’avoir parcouru les chemins ouverts, ou les impasses auxquelles il faut s’être heurté pour en extraire le juste état. Etats de corps surpris par l’épure qui écrit, cette fois-ci, au-delà de la chair, l’excellence de la danse. Le mouvement du haut, tête, bras et épaules, déclenché par des appuis de pieds à peine effleurés au sol ; les marches lentes en décalage avec le «frôlement» de la matière… Finalement, la juste quintessence, nécessaire à l’acte créateur de la danse apparaît alors comme l’énigme du temps commun, le temps de tous. «Le soleil dispensait une lumière étrange, altérant la vision réelle.»

 

Michel Vincenot
janvier 2001

Distribution

 

Chorégraphie Nathalie Collantès

Danseurs :

Nathalie Collantès,

Anne-Emmanuelle Deroo,

Vincent Druget

Yves Heck
Virginie Lauwerier

Pascal Quéneau

Julie Salgues

Olivier Stora

 

Scénographie Elizabeth Ausina

 

Création sonore Manuel Coursin

 

Lumières Christophe Forey

 

 

Création au Vivat d’Armentères
19 janvier 2001

 

Festival Plurielles 2001

Share This