Danses à dormir debout – Christiane Blaise
Elle vient tout droit du grenier de la maison, Christiane Blaise. Entre le ciel et la terre, là où le temps s’est arrêté entre hier et demain.
De l’immuable fixité, elle extrait le mouvement, comme seuls les poètes savent le faire.
Zig-zag – Olivia Grandville
Trois petites pièces en zig-zag, sous forme de points d’interrogation. Sans lien apparent les unes avec les autres. Ou, au contraire, elles sont intimement reliées les unes aux autres, tant la danse d’Olivia Grandville est représentative des arts contemporains, et bien évidemment de la danse d’aujourd’hui qui ne peut dire les choses jusqu’au bout, par impuissance honnête à combler les attentes de nos voisins de vie.
La danse contemporaine, miroir d’une société en état d’errance – Michel Vincenot
À l’aube du quatrième Festival PLURIELLES de danse contemporaine, le Théâtre Saragosse pose quelques questions sur les pratiques de l’art aujourd’hui et dresse l’état du public de la danse. Ses attentes, ses comportements, et surtout les motivations des jeunes de moins de vingt-cinq ans, particulièrement touchés par cet art, relativement récent
Un petit cadeau en passant, merci au public – Michel Vincenot
La danse est au corps ce que le théâtre est au texte. Petit cadeau en passant d’une comédienne, auteur de théâtre. « Il arrive parfois qu’en cours d’écriture, le texte sans prévenir, comme échappant à la vigilance de l’auteur s’écrive
La danse, défi de l’altérité – Michel Vincenot
La danse nous demande l’effort d’entrer dans l’univers inconnu de l’autre ; dans le secret qui s’alimente à l’universel des hommes et des femmes qui nous ont précédés, et qui viendront après. Mais le secret n’est pas l’intimité, pour autant qu’il pose sans cesse la question qui vient tôt ou tard à l’esprit de chacun : Quand serai-je à la dimension des autres,
Dans les allées, les allées – Loïc Touzé
Le monde est avant ou alors demain. Loïc Touzé fait partie de ces hommes au regard lucide, clair, pour qui aujourd’hui est investi pleinement de ce qui a forgé l’humanité. Les limites du corps sur lesquelles il porte un regard serein apportent à sa danse un moment de grâce qu’il donne sans rien garder.
Alors, on a envie de le regarder danser.
Fessure – Paco Dècina
Lorsqu’il créa cette pièce dans une cour du Festival d’Aix-en-Provence en Juillet 1994, Paco Dècina pressentait que sa danse pût devenir aussi légère et magique que l’air de ces soirées provençales. Ce lieu, il le voulut déshabillé, sans coulisses ni fond de scène, pour être à la fois dedans et dehors, maintenant et dans un temps lointain.
Actes chorégraphiques – Daniel Dobbels
« Dans ce lieu où se produisent sans cesse des événements, la danse ne peut pas être englobante … Seul le geste fragmentaire peut convoquer toute la mémoire. »
Ces premiers mots prononcés par Daniel Dobbels lors du repérage effectué en février dernier disent tout de la Commanderie, mais disent aussi l’essentiel de la danse. Quand la pierre et l’Histoire témoignent des balbutiements de ces corps en pèlerinage qui jadis associèrent en ce lieu le gîte et la source spirituelle, le repos et la mort
Carnuspitu, exposition photographique – Laurent Lafolie
La danse devient clarté parce que les corps sont soumis aux contraintes de l’espace et aux limites du temps.
Laurent Lafolie est de ces hommes qui s’imprègnent avec tendresse du mouvement des autres. Des heures et des heures à regarder en toute simplicité des danseurs qui apprennent et qui refont sans cesse les mêmes gestes
De la poudre aux dieux – Jacques Patarozzi
Tout lieu devient sacré lorsque l’homme a décidé de l’habiter.
Quatre hommes sont vêtus de jupes, pour évoquer des costumes traditionnels qui ont habillé l’Occident médiéval ou qui habillent l’Asie d’aujourd’hui ; des vêtements usuels pour le dire autrement. Il a suffi d’un séjour en Inde pour que Patarozzi en revienne le regard transformé : « Il y a une noblesse des corps, des gestes et de l’habit chez ces populations pauvres qui se respectent dans la tolérance et qui vivent en harmonie avec les lieux qu’ils habitent : la rue, les maisons, les temples …»
Que je ne meure pas tout entière – Claire Haenni / Antonia Pons-Capo
L’une file jusqu’au bout de ses bras toute la volupté du monde. L’autre démarre sur ses jambes comme une voleuse de feu ; toutes les deux avec un petit air de ne pas y toucher.
L’une s’appelle Claire Haenni, l’autre Antonia Pons-Capo. Elles sont danseuses dans la compagnie Balmuz / J. Patarozzi et signent leur première chorégraphie.
Prélude – Héla Fattoumi / Éric Lamoureux
Prélude se regarde comme une fugue à cinq danseurs. Un antidote au syndrome d’une société qui fuit le temps et la sincérité des instants partagés. Sommes-nous avant ou après le chaos ? C’est très exactement en cet endroit de l’Histoire que le spectateur intervient, quelque peu troublé d’avoir à délaisser l’agitation.
Les danseurs ont certainement fait retraite dans la solitude des sables pour nous inviter de la sorte
Parcelles d’inconnu – Michel Vincenot
Éditorial brochure Festival Plurielles 1995 Le silence précède toujours la création. Que peut-on souhaiter de plus signifiant en préambule d'un festival ? Au mois de février, Jacques Patarozzi et six de ses danseurs travailleront leur nouvelle création au Théâtre...
Fragments de paradis – Loïc Touzé / Fabienne Compet
Ceux qui ont déjà marché sur les nuages le savent, on entre pieds nus au paradis…
Cinq danseurs, au lever du rideau, sont délicatement posés, presque en suspension, prêts à se laisser tenter par un face-à-face en duos. Puis l’image disparaît, aussi fugitive qu’elle est apparue, parce qu’on ne doit jamais s’autoriser à des choses convenues. L’univers peut alors s’ouvrir à des fragments d’humanité.
Sur terre, ils nous feraient sourire tous ces petits détails. Mais au paradis, ils prennent une autre allure …
La peau dure – Sidonie Rochon
Sidonie Rochon vient sûrement d’une autre planète quand elle entre, silencieuse, dans notre monde asphyxié par les images stériles et les discours de frime. Ce monde-même qui légitime l’indifférence à l’encontre de la présence aux hommes, à la vie et à la mort, aux choses simples et lisibles.
Sidonie Rochon entre ainsi dans notre intimité, sur la pointe des pieds, pour ne pas brusquer nos habitudes.
Lahire et Judith – Jacques Patarozzi
Quand Patarozzi nous installe dans la lenteur d’un univers en pleine renaissance, on peut se demander s’il n’est pas impertinent de risquer une telle danse des corps à la face d’un monde qui a perdu tout sens de l’altérité. « On ne prend pas le temps de faire quelque chose, dit Daniel Dobbels, on se préoccupe du temps » ; le temps des autres, jusqu’à tenter de transgresser l’espace du sacré qui est d’abord et par excellence celui des humains.
Un carré blanc – qui fut de tous temps une géométrie complexe et parfaite
Les danses singulières – Gérard Gourdot
« Parvenu à un certain âge, l’on s’aperçoit que les sentiments qui vous apparaissaient comme l’effet d’un affranchissement absolu, dépassant la naïve révolte : la volonté de savoir jouer tous les rôles, et une préférence pour les rôles les plus communs
Editorial – Festival Plurielles 1994
Un festival se prépare comme on écrit une chorégraphie. Il faut en maîtriser l'intuition de départ afin que le propos soit d'emblée universel. Si les comédiens ou les danseurs échappent à cette exigence, le théâtre n'est que divertissement, et la danse, démonstration...
L’apport de la culture à la vie sociale – Michel Vincenot
Signe des temps. Aujourd’hui les problèmes sociaux sont à ce point prioritaires que l’adjectif « social » est devenu, dans la langue courante, un nom commun. Le social comme on l’appelle donc aujourd’hui est un système d’organisation qui relie entre eux des individus
Le regard de la danse – Article pour le journal Sud-Ouest
La danse serait en quelque sorte cet état d'avant toute chose, antérieur à la parole, dès que le premier battement de cœur a fait tressaillir une esquisse de geste. Et pourtant les danseurs modernes revendiquent l'accès à la parole comme une urgence de l'altérité,...
Nuits – Dominique Petit
Nuits, ce mot pluriel si longtemps attendu … C’est ainsi que procèdent les créateurs. Le titre arrive à la fin pour fixer le signal de la création, comme une ultime tentative, provisoire et presque secondaire.
Mais à bien y réfléchir, n’est-ce pas s’aventurer que de nommer les choses
L’ascète de San Clemente et la Vierge Marie – Jean Gaudin
Jean Gaudin écrit ses chorégraphies à la manière d’un conteur. Il détient le secret de ceux qui savent capter l’ineffable et maîtrise l’art de danser avec aisance, dans une apparente facilité.
«Danser n’est pas gesticuler» écrit justement Jean-Marc Adolphe. Les gestes de Gaudin sont précis et suspendus.